1 DIMANCHE = 1 DECOUVERTE - N°19 : La Marche de Rákóczy ou Marche Hongroise, de Berlioz
- Le 15/05/2016
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- Dans UN DIMANCHE = UNE DECOUVERTE
Aujourd'hui, j'étais au Musée Hector Berlioz pour donner une conférence : "Berlioz en Allemagne : tournées à guichets fermés !".
Pour le billet-découverte de ce dimanche, je me suis dit que cela pouvait être sympa de partager avec vous et vous dire un petit mot sur un des extraits que j'ai justement fait écouter lors de ce rendez-vous, et j'ai choisi La Marche de Rakoczy (La Marche Hongroise) car ce n'est pas un morceau très long et surtout... vous l'avez sans doute déjà entendu quelque part... si si, cherchez bien !
C'est lors de sa deuxième grande tournée en Allemagne, en 1845, qu'Hector Berlioz compose ce morceau : alors qu'il est sur le point de quitter Vienne (Autriche) pour Pesth (Hongrie), un amateur viennois lui conseille, pour séduire le public hongrois, de composer un petit morceau sur un thème hongrois... Berlioz saisit l'opportunité, et met ainsi en musique la Marche de Rakoczy, qu'il jouera à Pesth : succès phénoménal ! Il le raconte dans ses Mémoires :
« Après une sonnerie de trompettes dessinée sur le rythme des premières mesures de la mélodie, le thème parait, vous vous en souvenez, exécuté piano par les flûtes et les clarinettes, et accompagné par un pizzicato des instruments à cordes. Le public resta calme et silencieux à cette exposition inattendue ; mais quand sur un long crescendo, des fragments fugués du thème reparurent, entrecoupés de notes sourdes de grosse caisse simulant des coups de canons lointains, la salle commença à fermenter avec un bruit indescriptible ; et au moment où l’orchestre déchaîné dans une mêlée furieuse, lança son fortissimo si longtemps contenu, la fureur concentrée de toutes ces âmes bouillonnantes fit explosion avec des accents qui me donnèrent le frisson de la terreur ; il me sembla sentir mes cheveux se hérisser, et à partir de cette fatale mesure je dus dire adieu à la péroraison de mon morceau, la tempête de l’orchestre étant incapable de lutter avec l’éruption de ce volcan dont rien ne pouvait arrêter les violences. Il fallut recommencer, cela se devine ; et la seconde fois ce fut à grand peine que le public put se contenir deux ou trois secondes de plus. […]
Vous pensez bien, mon cher Humbert, que la Rakoczy-indulo après cela, fut de tous les programmes et toujours avec le même succès. Je dus même, en partant, laisser à la ville de Pesth mon manuscrit qu’on désira garder, et dont je reçu une copie à Breslau un mois après. On l’exécute maintenant en Hongrie dans les grandes occasions. »
La Marche de Racoczy, ou Marche Hongroise, fut donc un grand succès et très appréciée, si bien qu'il l'intègrera dans sa grande Damnation de Faust.
Cette marche est l'un des morceaux les plus populaires et connus de Berlioz... sans même que le public sache ou du moins se souvienne que Berlioz l'ait composé, pourquoi d'après-vous ? Avez vous retrouvé où vous l'avez déjà entendu ?
Réfléchissez bien...
Si si...
Toujours pas ?
Pour ceux qui donnent leur langue au chat, la réponse en un clic ci-dessous dans la bande annonce de ce film très connu (et à partir de 1'20 pour la musique qui nous concerne !) :
Eh oui, Berlioz a été repris dans La Grande Vadrouille ! Vous voyez vous la connaissiez... ! ;-)
Et pour l'anecdote, sachez que c'est Louis de Funès en personne qui a réellement dirigé l'orchestre, pour jouer la Marche Hongroise dans le film !
A la semaine prochaine pour un nouveau billet-découverte !
Steve, votre guide de poche !
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