Patrimoine - L'art sous toutes ses formes (objets/oeuvres...)

1 DIMANCHE = 1 DECOUVERTE - N°19 : La Marche de Rákóczy ou Marche Hongroise, de Berlioz


Aujourd'hui, j'étais au Musée Hector Berlioz pour donner une conférence : "Berlioz en Allemagne : tournées à guichets fermés !".

Pour le billet-découverte de ce dimanche, je me suis dit que cela pouvait être sympa de partager avec vous et vous dire un petit mot sur un des extraits que j'ai justement fait écouter lors de ce rendez-vous, et j'ai choisi La Marche de Rakoczy (La Marche 
Hongroise) car ce n'est pas un morceau très long et surtout... vous l'avez sans doute déjà entendu quelque part... si si, cherchez bien !

 

C'est lors de sa deuxième grande tournée en Allemagne, en 1845, qu'Hector Berlioz compose ce morceau : alors qu'il est sur le point de quitter Vienne (Autriche) pour Pesth (Hongrie), un amateur viennois lui conseille, pour séduire le public hongrois, de composer un petit morceau sur un thème hongrois... Berlioz saisit l'opportunité, et met ainsi en musique la Marche de Rakoczy, qu'il jouera à Pesth : succès phénoménal ! Il le raconte dans ses Mémoires :

« Après une sonnerie de trompettes dessinée sur le rythme des premières mesures de la mélodie, le thème parait, vous vous en souvenez, exécuté piano par les flûtes et les clarinettes, et accompagné par un pizzicato des instruments à cordes. Le public resta calme et silencieux à cette exposition inattendue ; mais quand sur un long crescendo, des fragments fugués du thème reparurent, entrecoupés de notes sourdes de grosse caisse simulant des coups de canons lointains, la salle commença à fermenter avec un bruit indescriptible ; et au moment où l’orchestre déchaîné dans une mêlée furieuse, lança son fortissimo si longtemps contenu, la fureur concentrée de toutes ces âmes bouillonnantes fit explosion avec des accents qui me donnèrent le frisson de la terreur ; il me sembla sentir mes cheveux se hérisser, et à partir de cette fatale mesure je dus dire adieu à la péroraison de mon morceau, la tempête de l’orchestre étant incapable de lutter avec l’éruption de ce volcan dont rien ne pouvait arrêter les violences. Il fallut recommencer, cela se devine ; et la seconde fois ce fut à grand peine que le public put se contenir deux ou trois secondes de plus. […]
Vous pensez bien, mon cher Humbert, que la Rakoczy-indulo après cela, fut de tous les programmes et toujours avec le même succès. Je dus même, en partant, laisser à la ville de Pesth mon manuscrit qu’on désira garder, et dont je reçu une copie à Breslau un mois après. On l’exécute maintenant en Hongrie dans les grandes occasions. »

La Marche de Racoczy, ou Marche Hongroise, fut donc un grand succès et très appréciée, si bien qu'il l'intègrera dans sa grande Damnation de Faust.

Cette marche est l'un des morceaux les plus populaires et connus de Berlioz... sans même que le public sache ou du moins se souvienne que Berlioz l'ait composé, pourquoi d'après-vous ? Avez vous retrouvé où vous l'avez déjà entendu ?


Réfléchissez bien...

Si si...

Toujours pas ?

Pour ceux qui donnent leur langue au chat, la réponse en un clic ci-dessous dans la bande annonce de ce film très connu (et à partir de 1'20 pour la musique qui nous concerne !) :

 

 

Eh oui, Berlioz a été repris dans La Grande Vadrouille ! Vous voyez vous la connaissiez... ! ;-)
Et pour l'anecdote, sachez que c'est Louis de Funès en personne qui a réellement dirigé l'orchestre, pour jouer la Marche Hongroise dans le film !

A la semaine prochaine pour un nouveau billet-découverte !


Steve, votre guide de poche !

 

~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~

1 DIMANCHE = 1 DECOUVERTE - N°18 : La Fresque Végétale Lumière à Lyon

Lyon - Fresque végétale Lumiere

Hier j'effectuais ma toute première visite guidée dans le quartier de la Croix Rousse à Lyon ! Cette nouvelle visite sera d'ailleurs très prochainement ajoutée à ma poche de visites guidées lyonnaises... d'ici là, je souhaitais partager avec vous dans ce nouveau billet découverte dominical une petite trouvaille (pas si petite que ça d'ailleurs !), que j'ai moi même découvert lors de mes longs repérages dans ce célèbre quartier lyonnais.

Il s'agit de la Fresque Végétale Lumière !

Pour les Lyonnais ce ne sera peut être pas une découverte, encore que, cette fresque inaugurée le 14 octobre 2011 rue de l'Annonciade au pied de la Croix Rousse, sur un mur qui ne faisait pas vraiment rêvé, ne se trouve pas forcément dans la partie la plus animée du quartier. Pour moi en tout cas ce fut une belle surprise !
J'adore les murs peints, que la ville développe un peu partout dans ses différents quartiers, et j'aime qu'on redonne un peu de place à la nature en ville, alors quand une oeuvre urbaine combine art ET nature... c'est top !

D'autant plus qu'ici, au delà du décor, on voyage également. Les paysages représentés entre les plantations sont en effet inspirés de trois photographies de Yann Arthus Bertrand, l'idée étant d'amener le spectateur à réflechir, à s'intéresser et se questionner, sur les menaces qui pèsent sur l'environnement, et sur des personnes dans des régions aussi lointaines que l'Argentine, le Mali ou encore le Brésil !

Une fresque à la fois ornementale et donc... instructive !

Voici deux photos pour comparer l'avant et l'après... 



... c'est quand même bien plus appréciable aujourd'hui non ?!

Je vous glisse ci-après quelques zooms sur les paysages, ainsi que leur "description" officielle. 

 

Cultures dans la province de Misiones (Argentine)

Lyon - Fresque végétale Lumière - Cultures dans la province de Misiones (Argentine)

A la pointe nord de l'Argentine, bénéficiant d'un climat subtropical, la province de Misiones est le berceau du maté, l'incontournable boisson des Argentins. L'herbe à maté est originaire de cette région où les Indiens Guaranis la consommaient déjà en infusion avant l'arrivée des missions jésuites au XVIème siècle.
Aujourd'hui, les plantations hébergeant les feuilles aux propriétés tonifiantes épousent les courbes de niveau. Cette physionomie du paysage agricole fut déclarée obligatoire en 1953 pour protéger les cultures de l'érosion provoquée par des pluies souvent torrentielles.
Actuellement, le milieu rural est en 1ère ligne dans la crise économique que traverse le pays, et 90% des petits producteurs de maté sont touchés. On enregistre en revanche une augmentation massive des cultures d'OGM dont la surface a été multipliée par 30 entre 1996 et 2001.
Avec 22% de la production transgénique mondiale, l'Argentine occupe la 2e place, juste derrière les USA.


Cultures maraîchères aux environs de Tombouctou (Mali)

Lyon - Fresque Végétale Lumière - Cultures maraîcheres aux environs de Tombouctou (Mali)

Située à la limite de la zone saharienne et de la zone sahelienne, Tombouctou connait des températures diurnes pouvant atteindre 50°C, des plus n'excédant pas 150mm par an et un sol argileux. Dans ces conditions, l'agriculture est un défi.
Constitués d'une juxtaposition de parcelles d'environ 1m de côté dans lesquelles l'eau est utilisée avec parcimonie, ces jardins peuvent ainsi supporter les conditions extrêmes. Ils produisent des légumes (pois, fèves, lentilles, haricots, choux, salades...) destinés à la population qui souffre de carences en vitamines et sels minéraux.
Ce maraîchage dans les dunes est une façon de faire face à l'avancée des sables, poussés par l'harmattan soufflant du Sahara, qui gagnent du terrain chaque année et menacent d'ensevelir complètement Tombouctou et son patrimoine historique.

Troupeau de zébus sur une route près de Caceres, Mato Grosso (Brésil)

Lyon - Fresque végétale Lumière - Troupeau de zébus sur une route près de Càceres, Mato Grosso (Brésil)

Le Mato Grosso est l'une des régions agricoles les plus riches du Brésil. Elevage et cultures s'y pratiquent sur d'immenses propriétés exploitées de façon extensive, les fazendas. Près des 2/3 des surfaces cultivables du pays appartiennent à moins de 3% de la population. La moitié reste inexploitée, tandis que plus de 25 millions de paysans sans terre survivent grâce à des emplois agricoles précaires.
Cette situation entraine de violents conflits, qui ont fait plus de 1000 morts ces 10 dernières années. Moteur de la lutte, le "Movimento dos sem terra" (le Mouvement des sans terre) cherche à imposer un partage plus équitable des superficies agricoles Depuis 1985, les actions d'occupation des terres ont contraint l'Etat à accorder des titres de propriété à plus de 250 000 familles.
Mais seule une réforme agraire pourrait améliorer les choses. Aucun gouvernement n'a encore osé s'y atteler, de peur de contrarier les intérêts des riches propriétaires et des multinationales installées au Brésil.


Cette fresque peinte et plantée a été réalisée par les peintres muralistes de CitéCréation, c'était d'ailleurs leur 500e réalisation... ! Ils ont ici collaboré avec Carnevalflor (pour les plantations végétales), et les services de la Ville de Lyon (pour l'éclairage), le tout financé par une quinzaine de partenaires-mécènes.

Un beau projet, qui participe pleinement à l'embellissement de la Ville de Lyon... ça vous plait ?! 

 



~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~

 

1 DIMANCHE = 1 DECOUVERTE - N°17 : Légende de la vieille femme qui tue un ours


Il y a quelques jours, je vous parlais de l'exposition "Nunavik : en terre Inuit" présentée au Musée Dauphinois de Grenoble depuis le mois de mars. 

Aujourd'hui, pour ce billet découverte dominical, j'ai choisi de vous présenter une oeuvre qui m'a beaucoup plu dans cette exposition : il s'agit d'une double tapisserie en peau de phoque appliquée sur de la laine foulée, réalisée en 1988 par Annie Milurtuq Saala (1929-1989).

Legende de la vieille femme qui tue un ours (1/2)

 

Le texte en inuktitut nous raconte la légende d'une vieille femme qui, abandonnée par les siens, réussit seule à tuer un ours, en l'étouffant.. avec sa moufle !!!

Légende de la vieille femme qui tue un ours (2/2)


Une légende magnifiquement illustrée par ces deux tapisseries originales, à admirer parmi d'autres oeuvres tout aussi réussies au Musée Dauphinois jusqu'à la fin de l'année 2016, avant qu'elles ne repartent au Québec !

 

~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~
 

1 DIMANCHE = 1 DECOUVERTE - N°15 : La vengeance sanglante d'Hector Berlioz après la trahison de sa 1ère fiancée...


Aujourd'hui, pour notre billet-découverte dominical, je me suis dit que ça pouvait être sympa de partager avec vous une des nombreuses petites anecdotes partagées avec le public cet après-midi lors de ma conférence au Musée Hector Berlioz.

Hector Berlioz d'après Signol

Celle-ci s'intéressait au séjour d'Hector en Italie, entre 1831 et 1832.

Un séjour pas vraiment voulu, mais dû au Prix de Rome remporté en 1830, qui demandait que le lauréat parte au moins deux ans à la Villa Médicis à Rome, siège de l'Académie Française. Si Berlioz ne voulait pas se rendre en Italie, c'est premièrement parce qu'il considérait qu'il n'allait rien y apprendre musicalement, mais aussi parce qu'il venait de connaître son 1er grand succès parisien avec sa Symphonie Fantastique, ce n'était donc pas le moment de quitter Paris, surtout que quitter la capitale, signifiait abandonner sa jeune fiancée Camille Moke...

Camille Moke


Mais malgré ses demandes de dérogations, il sera bel et bien contraint de partir en Italie.

Et au bout de quelques semaines à Rome, n'ayant toujours pas de nouvelles de sa fiancée (entendez par là, pas de courrier, puisque le téléphone et Facebook n'existaient pas bien sûr!), il s'inquiète... et il fait bien !

Alors qu'il avait déjà pris la route du retour, il reçoit à Florence un courrier... non pas signé de sa tendre Camille, non, mais de la mère de celle-ci ! Et malheureusement les nouvelles ne sont pas bonnes : Camille s'est mariée avec un autre... !

Vous pensez bien que la lettre ne va pas rester sans suite : furieux, Hector Berlioz décide de se venger. Et il nous raconte en détails dans ses Mémoires, son projet de vengeance... une vengeance plutôt sanglante et sans appel :


"Il s'agissait de voler à Paris, où j'avais à tuer dans rémission deux femmes coupables et un innocent. Quant à me tuer moi, c'était de rigueur, on le pense bien. Le plan de l'expédition fut conçu en quelques minutes. On devait à Paris redouter mon retour, on me connaissait... Je résolus de ne m'y présenter qu'avec de grandes précautions et sous un déguisement. [...]

Je me présentais chez mes amis, sur les neuf heures du soir, au moment où la famille était réunie et prête à prendre le thé ; je me faisais annoncer comme la femme de chambre de Mme la comtesse Moke chargée d’un message important et pressé ; on m’introduisait au salon, je remettais une lettre, et pendant qu’on s’occupait à la lire, tirant de mon sein mes deux pistolets doubles, je cassais la tête au numéro un, au numéro deux, je saisissais par les cheveux le numéro trois, je me faisais reconnaitre et malgré ses cris je lui adressais mon troisième compliment ; après quoi, avant que ce concert de voix et d’instruments eût attiré des curieux, je me lâchais sur la temps droite le quatrième argument irresistible, et si le pistolet venait à rater, cela s’est vu, je me hâtais d’avoir recours à mes petits flacons. Oh ! la jolie scène ! C’est vraiment dommage qu’elle ait été supprimée !"

Vous l'aurez compris, avec Hector Berlioz on ne plaisante pas avec l'amour!

Comme il l'écrit, la scène sanglante n'aura pas lieu puisqu'il n'ira pas jusqu'au bout de son projet de vengeance. En effet, un évènement bouleversant va l'interrompre dans son périple... mais si vous voulez savoir lequel, il faudra venir découvrir la suite lors de mes visites guidées du Musée Hector Berlioz, programmées tout au long de l'année, ou sur demande ! ;-)

Bonne soirée et à la semaine prochaine pour un nouveau billet-découverte !

Steve, votre guide de poche !

 

~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~

1 DIMANCHE = 1 DECOUVERTE - N°14 - 9 Avril 1860 : Léon Scott de Martinville réalise le tout 1er enregistrement sonore

Leon scott de martinville

Après un billet un peu morbide la semaine dernière, je vous propose dans ce nouveau billet-découverte de revenir sur les origines de la musique enregistrée, et plus exactement, sur le tout premier enregistrement sonore connu à ce jour !

C'est Léon Scott de Martinville, un français, qui le réalise, le 9 Avril 1860, grâce à son invention, le phonotaugraphe, dont il avait déposé le brevet dès 1857.

Phonautographe

Le fonctionnement du phonautographe est relativement simple : c'est un appareil composé d'un cornet, une sorte de pavillon (A), muni au bout le plus réduit d'une membrane, le diaphragme (a/b), qui va recueillir les vibrations accoustiques (L/L'), et les transmettre au stylet auquel il est relié. Ce stylet "grave", ou plutôt "dessine" sur une feuille de papier enduite de noir de fumée enroulée sur un cylindre (B).

Il est alors possible de suivre sur le cylindre noirci, la reproduction de sa voix. Mais le grand problème était de restituer le son que l'on avait enregistré, ou plutôt... tracé !

Au clair de la lune

Ce n'est qu'en 2008 que des chercheurs américains ont réussi à lire les enregistrements, et découvrent ainsi le plus vieil enregistrement de voix humaine que nous connaissons :

Vous l'entendez, il s'agit d' Au clair de la Lune", chanté le 9 avril 1860 ! N'est-ce pas formidable, plus d'un siècle et demi plus tard, de pouvoir percevoir ces toutes premières secondes d'enregistrement venues d'un autre temps !? Ce sont les débuts de la longue et belle histoire de la musique enregistrée !

Les chercheurs pensaient au début de leurs travaux, qu'il s'agissait d'une femme, ou d'un adolescent, puis en étudiant d'autres clichés/enregistrements réalisés par Léon Scott de Martinville, ils se sont rendus compte que c'était lui, justement, que l'on entendait dans ses essais puisqu'il se cite sur un autre extrait. Ils ont donc réadapté la vitesse de lecture à celle d'un homme, je vous laisse découvrir cette "nouvelle" version, proposée en 2010 :

Pour les curieux et les passionnés, vous pouvez découvrir tous les enregistrements de Léon Scott de Martinville sur ce site.

Evidemment, ces premiers enregistrements sont très rudimentaires... mais ils sont les prémices d'une révolution technologique qui démarrera véritablement moins de 20 ans plus tard, avec le phonograhe, la fameuse Machine Parlante brevetée par Thomas Edison en 1877 ! 

Mais ça, c'est une autre histoire... que je fais découvrir au Musée Hector Berlioz, notamment lors de mes ateliers "Viens fabriquer ton phonographe" !

 

Votre guide de poche, Steve


 

~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~

 

Bonjour et bienvenue sur mon site internet.

Je suis Steve, guide conférencier indépendant et créateur d'événements, et vous trouverez ici toute mon offre de visites guidées, ainsi que toutes les animations et tous les événements que j'organise avec ANIM'Alex, votre animateur de poche, sur le département de l'Isère et plus largement en région Rhône Alpes.

En espérant avoir le plaisir de vous accueillir sur l'une de nos activités prochainement,

Votre (futur?) guide privé et animateur, Steve.