Giuseppe Penone
Exposition Temporaire "Giuseppe Penone"
- Le 12/01/2015
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GIUSEPPE PENONE au Musée de Grenoble
Jusqu'au 22 Février 2015.
Cela fait déjà un petit bout de temps que j'ai visité cette exposition et que je voulais vous en dire un mot, mais mon mois de décembre fut chargé et m'en a empêché ! Je profite donc d'une petite accalmie hivernale pour corriger cela.
Vous avez encore quelques semaines, jusqu'au 22 Février 2015, pour découvrir cette intrigante et originale exposition organisée par le Musée de Grenoble en collaboration étroite avec l'artiste Giuseppe PENONE, qui mêle ici ses oeuvres anciennes et ses nouvelles créations.
Né en 1947 à Garessio, dans le Piémont, l'artiste italien a d'abord étudié à l'Académie des Beaux Arts de Turin avant de réaliser ses premiers travaux à la fin des années soixante, en intervenant directement sur la nature. Il est alors associé au mouvement de l'Arte Povera. Comme vous le constaterez aisément en visitant l'exposition, l'arbre est un des motifs centraux de son oeuvre... mais pas le seul attention !
"Sa démarche s'appuie sur une connaissance ultime de la nature et vise à mettre en évidence les liens fondamentaux qui unissent l'homme à son milieu d'origine."
Voici quelques-unes des oeuvres qui m'ont particulièrement interpellées, même si c'est finalement l'ensemble de l'exposition qui m'a (étonnamment) beaucoup plu et même touché, sans que je puisse vraiment vous dire pourquoi... !
"Propagazione 08-02-2013" est l'oeuvre qui ouvre cette exposition. A partir de l'empreinte d'un doigt, les lignes de celles-ci sont répétées en cercle concentriques jusqu'à atteindre des proportions gigantesques. Cette oeuvre me rappelle les nombreuses pages que je pouvais remplir en cours lorsque je m'ennuyais, dessinant une ligne interrompue à partir d'un point central...
Mais ici, contrairement à mes petits gribouillis sans réelle signification, l'oeuvre suggère la diffusion dans l'espace d'une forme créée avec le temps.
"L'artiste cherche ici à démentir l'impact sur l'environnement de tout contact, un peu comme les ondes qui se diffusent à l'infini lorsqu'on affleur la surface de l'eau".
Et quand on regarde l'oeuvre d'un peu plus loin, dans sa globalité, elle rappelle aussi... les anneaux de croissance des arbres, aussi symbole d'une certaine stratification temporelle, chaque ligne représentant une année... essayez donc maintenant de dater ce tronc d'arbre ! ;-)
D'autres dessins, de taille plus réduite, sont exposés, souvent des travaux préparatoires, ou des études, mais aussi des oeuvres finies.
J'ai trouvé "Gli Alberi del paviento - Les Arbres du Plancher" (1970) très amusante.
Effectivement, lorsque nous marchons, sur de beaux parquets de bois, ne marchons nous pas sur des arbres ? Des forêts entières ?
J'ai beaucoup aimé la série "La pressione di una carezza su 14, 18, 39 spine - La pression d'une caresse sur... 14, 18, 39 épines" (2001).
Outre ces dessins, c'est avant tout un travail de la matière qui est mis en avant dans cette exposition, et si l'arbre est souvent au coeur des créations de l'artiste, celles-ci peuvent prendre différents aspects, suivant les matériaux qui les constituent, comme en témoignent les "forêts" de "Ceppi di Cuoio - Souches de Cuir" (bois, cuir, clous) et de "Indistinti Confini - Frontières Indistinctes" (marbre blanc de Carrare, bronze).
Comme vous pouvez le voir sur les photos de détail ci-dessus, l'artiste recrée ici l'arbre, et notamment son écorce, avec des matériaux totalement différent.
Sur la gauche, le cuir, très maléable, prend l'apparence de l'écorce, du tronc véritable qui lui sert de support... pour un résultat très réaliste, mais dont l'artificialité n'est pas cachée puisque les clous fixant le cuir sont très visibles.
Sur la droite, c'est le marbre que travaille Penone, jusqu'à rendre cette impression d'écorce glacée, allant jusqu'à coiffer ses morceaux de tronc par un disque... de bronze ! Eh oui, là aussi, on se laisserait facilement berner par les apparences !
Autre oeuvre monumentale, "Scrigno - Ecrin".
Encore un arbre... mais cette fois il ne sort pas du sol.
Il s'agit d'un tronc, fixé à l'horizontal... et fendu !
Un tronc de bronze, dont l'intérieur a été vidé pour laisser place à de l'or et de la résine végétale rouge, représentant le "sang" de l'arbre.
"Préservé dans son écrin de lumière, littéralement auréolé, le sang de l'arbre, comme celui de l'homme, apparait telle une substance sacrée, garante de la vie et de l'éternel recommencement."
Ce "tronc sacré" est fixé sur un mur tapissé de peaux de cuir qui ont été modelées sur de la véritable écorce, pour en prendre l'apparence... résultat plutôt réussi, non ?
Les oeuvres qui m'ont le plus impressionné, je crois, sont dans dans le 3e espace de l'exposition. Il s'agit de "Spine d'acacia - Epines d'acacia" et "Sigillo - Sceau".
Voici la première :
Ici, au lieu d'utiliser divers matériaux pour représenter un arbre, un tronc, ou plus largement la nature, c'est de la nature que Penone va utiliser pour réaliser son oeuvre : une empreinte monumentale de bouche... faite de milliers d'épines d'acacia !
On n'ose imaginer le long travail que cela représente... ni l'état des doigts du créateur après une telle réalisation !
Dans le même esprit, "Pelle di Grafite, riflesso di ambra - Peau de Graphite, reflet d'ambre" lui fait face, offrant une bouche cette fois-ci minérale, plus sombre.
Entre les deux est présentée une des dernières réalisations de Penone, "Sigillo - Sceau" (2012), une sculpture monumentale qui occupe toute la pièce.
Il s'agit d'un immense rouleau cylindrique (le sceau), posé sur un dallage de marbre blanc. Là où est passé le rouleau, les veines du marbre sont évidées, collées sur le rouleau... tel le temps qui passe et repasse et modèle le monde.
Restons dans le monde minéral avec le travail fascinant effectué pour "Essere fiume - Etre fleuve" en 1998.
Composée de deux pierres visiblement similaires placées côte à côte, cette oeuvre intrigue : placer deux cailloux dans un musée, c'est de l'art ça ?
Pas n'importe quelle pierre attention !
L'une a été retirée d'une rivière par l'artiste, tandis qu'il a sculpté l'autre. Pour cela, il a remonté le cours de la rivière d'où prouvenait la première et extrait un bloc de la montagne dont elle était issue, afin de la reproduire à l'identique.
"Refaire exactement telle quelle une pierre de la rivière signifie pour l'artiste reproduire tous les évènements qui se sont imprimés sur elle. Il considère cet acte comme la perfection de la sculpture et déclare que celui qui reproduit la forme faite par la rivière, devient la rivière lui-même"... d'où le nom de l'oeuvre, "Essere fiume", être fleuve/rivière... bien vu l'artiste !
Bref, je m'arrête là, j'en ai déjà dis et montré beaucoup plus que je ne l'avais prévu en commencant à écrire cet article... j'espère qu'il vous aura donné envie d'aller jeter un coup d'oeil à cette exposition !
Sachez par ailleurs que celle-ci se poursuit à travers les collections permanentes du Musée de Grenoble, dont les artistes de l'Arte Povera sont mis en avant (Giovanni Anselmo, Alighiero Boetti, Mario Merz, Michalangelo Pistoletto et Jannis Kounellis).
L'exposition "GIUSEPPE PENONE" se tient au Musée de Grenoble jusqu'au 22 Février 2015, musée ouvert tous les jours sauf le mardi, de 10h à 18h30 (Fermeture des caisses à 18h).
Pour plus de photos de l'exposition, CLIQUEZ ICI !
Petit bonus pour terminer : une petite vidéo retraçant le montage de l'exposition :
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