LE BLOG DECOUVERTES DE VOTRE GUIDE
1 DIMANCHE = 1 DECOUVERTE - N°17 : Légende de la vieille femme qui tue un ours
- Le 01/05/2016
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Il y a quelques jours, je vous parlais de l'exposition "Nunavik : en terre Inuit" présentée au Musée Dauphinois de Grenoble depuis le mois de mars.
Aujourd'hui, pour ce billet découverte dominical, j'ai choisi de vous présenter une oeuvre qui m'a beaucoup plu dans cette exposition : il s'agit d'une double tapisserie en peau de phoque appliquée sur de la laine foulée, réalisée en 1988 par Annie Milurtuq Saala (1929-1989).
Le texte en inuktitut nous raconte la légende d'une vieille femme qui, abandonnée par les siens, réussit seule à tuer un ours, en l'étouffant.. avec sa moufle !!!
Une légende magnifiquement illustrée par ces deux tapisseries originales, à admirer parmi d'autres oeuvres tout aussi réussies au Musée Dauphinois jusqu'à la fin de l'année 2016, avant qu'elles ne repartent au Québec !
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1 DIMANCHE = 1 DECOUVERTE - N°16 : Lettre d'un Juif réfugié à Grenoble sous l'occupation italienne
- Le 24/04/2016
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Après une petite accalmie durant les vacances scolaires, demain je serai de retour au Musée de la Résistance et de la Déportation de l'Isère où j'ai pas mal guidé ces dernières semaines, je me suis donc dit que ça pouvait être sympa de mettre en lumière ce lieu à travers ce billet-découverte dominical aujourd'hui !
Enfin "sympa", vous attendez pas à vous fendre la poire non plus, car le sujet est très sérieux ! Mais il peut être aussi très intéressant.
Les objets et documents présentés au sein de l'exposition permanente sont nombreux, je suis donc souvent contraint de n'en montrer qu'une partie au cours de mes visites guidées.
Mais il y en a que je présente systématiquement. Par exemple, cette lettre d'un Juif réfugié à Grenoble sous l'occupation italienne, adressée le 7 Juin 1943 à un proche à Paris, alors occupée par les Allemands (mais la lettre fut interceptée par la censure à Vichy le 10) :
S'il s'agit ici d'un fac-similé, le plus important reste évidemment le texte, qui nous en apprend beaucoup sur la situation des réfugiés Juifs à Grenoble durant l'occupation italienne. Je le fais d'ailleurs lire à chaque visite par mes élèves. A la fois pour me reposer (bah ouais faut pas déconner !), mais aussi pour qu'ils s'écoutent, et s'intéressent à l'Histoire, et quoi de mieux pour cela que les mots de ceux qui l'ont vécu ?!
"Je suis à Grenoble, parce qu'à Lyon ce sont les Allemands qui sont là, et on ne sais pas ce qui peut nous arriver, tandis qu'ici ce sont les Italiens qui règnent et sont vraiment très chics avec nous.
Tu m'écris que tu voudrais venir ici, je te crois, car ici, c'est la vraie Palestine, et on peut s'amuser comme dans le vieux temps.
Je sais malheureusement que tu n'as pas d'argent, ici il y a un comité qui donne 300 frs par personne et par mois et un autre qui donne 400 frs par mois et par personne, c'est l'argent américaine..."
PETIT RAPPEL HISTORIQUE :
L'occupant italien est présent à Grenoble dès Novembre 1942.
Alors que la capitale des Alpes appartenait à la zone libre dirigée par Pétain et Vichy depuis la signature de l'Armistice le 22 Juin 1940, le débarquement des Alliés en Afrique du Nord le 8 Novembre 1942 (opération "Torch") inquiète Hitler, qui craint alors pour la suite un débarquement dans le sud de la France, qu'il ne contrôle pas. Il réplique donc par l'opération "Anton", dès le 11 Novembre 1942 : en une journée, toute la zone libre est occupée.
Mais déjà fortement sollicitée sur le front russe, l'armée allemande sera ici aidée par l'armée italienne, qui sera ainsi chargée d'occuper toute la région alpine, dont Grenoble. Deux occupations bien différentes !
La lettre nous apprend que cet occupant italien est visiblement "très chic" avec les Juifs, l'auteur parle même de Grenoble comme de la "vraie Palestine", comme s'il était chez lui à pouvoir "s'amuser comme dans le Vieux Temps", soutenu financièrement qui plus est par l'argent américain.
La situation des Juifs à Grenoble semblait donc apaisée sous l'occupation italienne, après les 1ères rafles organisées quelques mois plus tôt par le régime de Vichy.
Malheureusement, lorsque les Nazis remplaceront les Italiens à Grenoble à partir de Septembre 1943, ils vont vite mettre un terme à cette relative tranquilité pour rattraper le retard pris dans les "quotas de déportation" dans la région... mais çà, c'est une autre histoire, si vous voulez en savoir plus, je vous raconterai peut être la suite dans un prochain billet... sinon vous pouvez aussi me suivre en visite guidée ! ;-)
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"Nunavik, en terre Inuit", au Musée Dauphinois
- Le 17/04/2016
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- Dans IDEES DE SORTIE - EXPOSITIONS TEMPORAIRES
Nunavik, c'est où ?
Il s'agit d'un territoire grand comme la France, mais bien plus froid, puisque situé au nord du 55e parallèle, entre la baie d'Hudson et la baie d'Ungava au Canada. Quelques milliers de Nunavimmiut y habitent une quinzaine de villages côtiers.
La nouvelle exposition temporaire du Musée Dauphinois à Grenoble inaugurée le mois dernier, s'intéresse à cette petite communauté capable de s'adapter aux conditions extrêmes de son environnement.
Après une première salle présentant l'histoire et le mode de vie des Inuits, grâce notamment à de nombreux objets prêtés par les Musées de la Civilisation à Québec, le parcours se poursuit avec l'arrivée des 1ers colons européens et leur impact sur la communauté, à travers des gravures et des photographies d'époque.
Nous plongeons ensuite dans leur monde artistique, entre sculptures de stéatites, tapisseries en peau de phoques ou encore estampes sur papier de riz... de superbes créations !
L'exposition se termine bien sûr avec un regard "actuel" sur les Inuits qui, autrefois nomade, ont été forcés à la sédentarisation par le gouvernement canadien, et après des années de négociations avec le Québec, ils sont enfin "reconnus" et ont pu obtenir en 2007 ce vaste territoire du Nunavik. Mais plus d'un danger les menacent encore, entre réchauffement climatique et convoitises des "Kualunat" (ceux du Sud) qui s'intéressent à leurs ressources minières...
Pour un petit aperçu de l'exposition, je ne peux que vous conseiller le petit reportage réalisé par France 3, ponctué par les interventions de Chantal Spillemaecker, commissaire de l'exposition :
Mais le mieux c'est bien sûr d'aller la visiter ! Profitez-en le musée est ouvert tous les jours sauf le mardi... et l'exposition s'y tient jusqu'à la fin de l'année ! Et c'est GRATUIT ! ;-)
Si je vous propose déjà des visites guidées des expositions permanentes du Musée Dauphinois, ainsi que de l'exposition temporaire "Grenoble 1925 : la grande mutation", je n'ai pas encore créé celle de cette exposition "Nunavik, en terre inuit"... mais si des groupes sont intéressés, n'hésitez pas à me contacter, ce sera avec plaisir !
Votre guide de poche, Steve
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1 DIMANCHE = 1 DECOUVERTE - N°15 : La vengeance sanglante d'Hector Berlioz après la trahison de sa 1ère fiancée...
- Le 17/04/2016
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Aujourd'hui, pour notre billet-découverte dominical, je me suis dit que ça pouvait être sympa de partager avec vous une des nombreuses petites anecdotes partagées avec le public cet après-midi lors de ma conférence au Musée Hector Berlioz.
Celle-ci s'intéressait au séjour d'Hector en Italie, entre 1831 et 1832.
Un séjour pas vraiment voulu, mais dû au Prix de Rome remporté en 1830, qui demandait que le lauréat parte au moins deux ans à la Villa Médicis à Rome, siège de l'Académie Française. Si Berlioz ne voulait pas se rendre en Italie, c'est premièrement parce qu'il considérait qu'il n'allait rien y apprendre musicalement, mais aussi parce qu'il venait de connaître son 1er grand succès parisien avec sa Symphonie Fantastique, ce n'était donc pas le moment de quitter Paris, surtout que quitter la capitale, signifiait abandonner sa jeune fiancée Camille Moke...
Mais malgré ses demandes de dérogations, il sera bel et bien contraint de partir en Italie.
Et au bout de quelques semaines à Rome, n'ayant toujours pas de nouvelles de sa fiancée (entendez par là, pas de courrier, puisque le téléphone et Facebook n'existaient pas bien sûr!), il s'inquiète... et il fait bien !
Alors qu'il avait déjà pris la route du retour, il reçoit à Florence un courrier... non pas signé de sa tendre Camille, non, mais de la mère de celle-ci ! Et malheureusement les nouvelles ne sont pas bonnes : Camille s'est mariée avec un autre... !
Vous pensez bien que la lettre ne va pas rester sans suite : furieux, Hector Berlioz décide de se venger. Et il nous raconte en détails dans ses Mémoires, son projet de vengeance... une vengeance plutôt sanglante et sans appel :
"Il s'agissait de voler à Paris, où j'avais à tuer dans rémission deux femmes coupables et un innocent. Quant à me tuer moi, c'était de rigueur, on le pense bien. Le plan de l'expédition fut conçu en quelques minutes. On devait à Paris redouter mon retour, on me connaissait... Je résolus de ne m'y présenter qu'avec de grandes précautions et sous un déguisement. [...]
Je me présentais chez mes amis, sur les neuf heures du soir, au moment où la famille était réunie et prête à prendre le thé ; je me faisais annoncer comme la femme de chambre de Mme la comtesse Moke chargée d’un message important et pressé ; on m’introduisait au salon, je remettais une lettre, et pendant qu’on s’occupait à la lire, tirant de mon sein mes deux pistolets doubles, je cassais la tête au numéro un, au numéro deux, je saisissais par les cheveux le numéro trois, je me faisais reconnaitre et malgré ses cris je lui adressais mon troisième compliment ; après quoi, avant que ce concert de voix et d’instruments eût attiré des curieux, je me lâchais sur la temps droite le quatrième argument irresistible, et si le pistolet venait à rater, cela s’est vu, je me hâtais d’avoir recours à mes petits flacons. Oh ! la jolie scène ! C’est vraiment dommage qu’elle ait été supprimée !"
Vous l'aurez compris, avec Hector Berlioz on ne plaisante pas avec l'amour!
Comme il l'écrit, la scène sanglante n'aura pas lieu puisqu'il n'ira pas jusqu'au bout de son projet de vengeance. En effet, un évènement bouleversant va l'interrompre dans son périple... mais si vous voulez savoir lequel, il faudra venir découvrir la suite lors de mes visites guidées du Musée Hector Berlioz, programmées tout au long de l'année, ou sur demande ! ;-)
Bonne soirée et à la semaine prochaine pour un nouveau billet-découverte !
Steve, votre guide de poche !
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1 DIMANCHE = 1 DECOUVERTE - N°14 - 9 Avril 1860 : Léon Scott de Martinville réalise le tout 1er enregistrement sonore
- Le 10/04/2016
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Après un billet un peu morbide la semaine dernière, je vous propose dans ce nouveau billet-découverte de revenir sur les origines de la musique enregistrée, et plus exactement, sur le tout premier enregistrement sonore connu à ce jour !
C'est Léon Scott de Martinville, un français, qui le réalise, le 9 Avril 1860, grâce à son invention, le phonotaugraphe, dont il avait déposé le brevet dès 1857.
Le fonctionnement du phonautographe est relativement simple : c'est un appareil composé d'un cornet, une sorte de pavillon (A), muni au bout le plus réduit d'une membrane, le diaphragme (a/b), qui va recueillir les vibrations accoustiques (L/L'), et les transmettre au stylet auquel il est relié. Ce stylet "grave", ou plutôt "dessine" sur une feuille de papier enduite de noir de fumée enroulée sur un cylindre (B).
Il est alors possible de suivre sur le cylindre noirci, la reproduction de sa voix. Mais le grand problème était de restituer le son que l'on avait enregistré, ou plutôt... tracé !
Ce n'est qu'en 2008 que des chercheurs américains ont réussi à lire les enregistrements, et découvrent ainsi le plus vieil enregistrement de voix humaine que nous connaissons :
Vous l'entendez, il s'agit d' Au clair de la Lune", chanté le 9 avril 1860 ! N'est-ce pas formidable, plus d'un siècle et demi plus tard, de pouvoir percevoir ces toutes premières secondes d'enregistrement venues d'un autre temps !? Ce sont les débuts de la longue et belle histoire de la musique enregistrée !
Les chercheurs pensaient au début de leurs travaux, qu'il s'agissait d'une femme, ou d'un adolescent, puis en étudiant d'autres clichés/enregistrements réalisés par Léon Scott de Martinville, ils se sont rendus compte que c'était lui, justement, que l'on entendait dans ses essais puisqu'il se cite sur un autre extrait. Ils ont donc réadapté la vitesse de lecture à celle d'un homme, je vous laisse découvrir cette "nouvelle" version, proposée en 2010 :
Pour les curieux et les passionnés, vous pouvez découvrir tous les enregistrements de Léon Scott de Martinville sur ce site.
Evidemment, ces premiers enregistrements sont très rudimentaires... mais ils sont les prémices d'une révolution technologique qui démarrera véritablement moins de 20 ans plus tard, avec le phonograhe, la fameuse Machine Parlante brevetée par Thomas Edison en 1877 !
Mais ça, c'est une autre histoire... que je fais découvrir au Musée Hector Berlioz, notamment lors de mes ateliers "Viens fabriquer ton phonographe" !
Votre guide de poche, Steve
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