LE BLOG DECOUVERTES DE VOTRE GUIDE
Exposition "Aqua : L'invention des Romains", à Lugdunum - Musée et Théâtres Romains (LYON)
- Le 24/01/2018
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- Dans IDEES DE SORTIE - EXPOSITIONS TEMPORAIRES
Dans le billet-découverte de ce dimanche, je vous présentais Lugdunum, le musée et les théâtres romains de Lyon.
Pour l'idée de sortie du mercredi aujourd'hui, je voudrais vous parler d'une exposition temporaire qui s'y tient jusqu'au 6 Mai 2018 : "Aqua, l'invention des Romains".
Alors vous l'aurez compris, on est toujours chez les Romains de Lugdunum !
Mais cette exposition est l'occasion de s'intéresser de plus près à leur vie quotidienne, et plus précisément, découvrir et comprendre comment les Romains de Lugdunum s'approvisionnaient en eau ! Outre les puits, pour accéder aux nappes phréatiques, et les citernes, pour récupérer l'eau de pluie, ils ont su développer tout un réseau d'aqueducs (ponts, canalisations et siphons...) afin d'assurer un approvisionnement régulier en eau pour l'une des plus importantes cités de l'époque.
On découvre ainsi, au fil d'une scénographie originale qui reprend physiquement les formes des ouvrages construits par les Romains, que ceux-ci avaient bâtis pas moins de 4 aqueducs, soit plus de 200kms d'aqueducs au total, partant du Mont d'Or, des Monts du Lyonnais et... du Pilat ! Grâce aux cartes et aux maquettes on peut comprendre leur fonctionnement et retrouver leur tracé plus ou moins précis, notamment le tracé de l'aqueduc du Giers qui est le plus long, puisqu'il parcourait 86 kms au départ de Saint-Chamond (Loire), en passant par 65 ouvrages (tunnels/ponts/siphons/murs/files d'arches...) : ENORME !
Cette construction époustouflante, quand on pense aux moyens de construction de l'époque, interroge sur l'utilisation que pouvaient avoir les Romains de toute cette eau. Car on estime à 30 000m3 d'eau par jour la capacité de Lugdunum, qui comptait alors environ 50 000 habitants, soit près d'1/2m3 d'eau par habitant par jour, c'est énorme quand on sait qu'aujourd'hui un Français consomme en moyenne 40m3... en UN AN !
L'exposition rappelle justement les usages des Romains, gros consommateurs d'eau. Il y a bien sûr l'alimentation de toutes les fontaines publiques, mais il faut songer aussi aux thermes, qui peuvent atteindre des dimensions considérables : d'après les vestiges retrouvés sur la colline de Fourvière, les thermes Rue des Farges devaient par exemple s'étendre sur plus 6000m2 ! Il en faut de l'eau, pour alimenter leurs bassins... !
Mais n'oublions pas également que l'élite romaine, outre les adductions d'eau privées alimentant directement ses villas, apprécie bassins et fontaines pour agrémenter ses jardins... sans compter les bains privés ! Plusieurs vestiges de fontaines (entre autres) sont d'ailleurs présentés dans l'exposition.
Pas de doute, les Romains ont su mettre à profit leur ingéniosité pour s'assurer des ressources en eau régulière, aussi bien pour les besoins de la vie quotidienne, que pour l'agrément. Quand on pense aux conditions déplorables dans lesquelles on vivait souvent au Moyen Âge... cela rend d'autant plus admirable ces aménagements exceptionnels, Lugdunum étant, avec Rome, l'une des cités les mieux équipées du monde romain !
Notre chance c'est qu'aujourd'hui encore, près de 2000 ans plus tard, des vestiges importants sont visibles dans les campagnes (Chaponost, Saint-Maurice sur Dargoire...). Si les tunnels et autres canalisations sont difficiles à retrouver, plusieurs constructions en élévation marquent encore le paysage de la région. Le photographe Philippe Schuller est parti sur les traces de ces aqueducs antiques, et les met en valeur à travers une série de photos exposées dans les collections permanentes du musée : ne les manquez surtout pas avant de partir ! Vous pouvez également en retrouver sur le site internet de sa maison de photographes Signature.
"Le plat de l'air" (Chaponost.Rhône. Par Philippe Schuller)
Pour les infos pratiques :
Horaires d'ouverture de Lugdunum - Musée et Théâtres Romains :
- Du mardi au vendredi, de 11h à 18h.
- Samedi et dimanche, de 10h à 18h.
Tarifs :
- En période d'exposition temporaire [jusqu'au 6 mai 2018]
+ PLEIN TARIF : 7 € / TARIF RÉDUIT : 4,50 €
Belle visite à vous et à mercredi prochain pour une nouvelle idée de sortie !
Steve, votre guide de poche !
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1 DIMANCHE = 1 DECOUVERTE - N°49 : Lugdunum, Musée et Théâtres Romains de LYON
- Le 21/01/2018
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- Dans UN DIMANCHE = UNE DECOUVERTE
Depuis le début de l'année, je vous ai emmené observer les cascades d'Islande, puis nous sommes revenus en France pour un bon bol d'air breton sur la côte sauvage de Quiberon.
Ce dimanche, nous revenons dans notre belle région Rhône-Alpes, cette fois-ci pour un voyage dans le temps... chez les Romains !
Comme le weekend fut gris et pluvieux, je me suis dit qu'un petit billet pour vous faire (re)découvrir un lieu "au chaud" serait le bienvenu, afin d'éviter d'autres weekends-canapé lorsque la météo n'est pas au rendez-vous (même si c'est bien aussi, les weekends-canapé !) : direction donc Lugdunum !
Lugdunum ?! Kesako ?!
Lugdunum est le tout premier nom de Lyon, lorsque la ville fut fondée par les Romains en -43 avant JC. Et c'est depuis l'automne 2017 la "marque", le nom qu'a choisi la Métropole de Lyon pour son site archéologique des Théâtres antiques de Fourvière, et le musée gallo-romain qui l'accompagne depuis 1975.
Ce musée a été conçu par l'architecte Bernard H.Zehrfuss (Grand Prix de Rome!) qui l'a parfaitement intégré au site archéologique, sans le dénaturer. Comment l'architecte s'y est-il pris pour rendre ce musée presqu'invisible du théâtre, alors qu'il n'est qu'à quelques mètres de celui-ci ? Eh bien il l'a enterré !
© Thierry Fournier - Métropole de Lyon
En effet, le musée s'enfonce dans la colline, laissant apparaitre à l'extérieur seulement deux grandes baies au milieu de la végétation, qui de l'intérieur offrent deux belles fenêtres sur le site archéologique. Le toit du musée quand à lui, offre gratuitement une terrasse avec vue panoramique sur les théâtres antiques, bien pratique pour avoir une vue globale du site pour mes groupes en visites guidées à Lyon !
A l'intérieur, point de salle. L'espace est totalement ouvert, on suit naturellement la pente, et on s'enfonce progressivement dans la colline sans s'en apercevoir ou presque, au fil des collections qui sont le fruit de plus de 500 ans de trouvailles archéologiques, à Lyon et dans la région.
© Michel Denancé
De multiples objets permettent de se replonger dans l'Antiquité, et comprendre l'importance qu'avait alors Lugdunum, alors plus grande ville de Gaule ! Ainsi, poteries, mosaïques, stelles et autres statues jalonnent le parcours ponctués d'une vingtaine de panneaux informatifs.
Des maquettes complètent les collections, et font revivre certains édifices disparus ou incomplets, à l'image des murs de scène des théâtres antiques et les bâtiments voisins.
Un petit film revient également sur la naissance et l'évolution de Lugdunum.
Bref, nul doute que vous saurez apprécier ce petit voyage dans le temps, un glorieux passé qui a laissé un patrimoine important à la ville de Lyon ! Les vestiges des théâtres antiques sont d'ailleurs classés au patrimoine mondial de l'UNESCO, tout comme le Vieux Lyon.
Voici quelques infos pratiques pour organiser votre visite au musée :
Horaires d'ouverture :
- Du mardi au vendredi, de 11h à 18h.
- Samedi et dimanche, de 10h à 18h.
Tarifs :
- En période d'exposition temporaire [jusqu'au 6 mai 2018]
+ PLEIN TARIF : 7 € / TARIF RÉDUIT : 4,50 €
- Hors période d'exposition temporaire
+ PLEIN TARIF : 4 € / TARIF RÉDUIT : 2,50 €
Adresse :
Voilà, vous savez tout, belle visite à vous, et à dimanche prochain pour un nouveau billet découverte... qui pourrait bien s'intéresser d'un peu plus près aux collections de Lugdunum ! ;-)
Votre guide de poche, Steve.
Exposition "Les Alpes de Jean de Beins - Des cartes aux paysages (1604-1634)" au Musée de l'Ancien Evêché (GRENOBLE)
- Le 17/01/2018
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- Dans IDEES DE SORTIE - EXPOSITIONS TEMPORAIRES
Pour ce nouveau billet "idée de sortie" du mercredi, nous quittons Lyon et son exposition "Watching you" au Musée de Fourvière que je vous présentais la semaine dernière, et nous revenons à Grenoble, où nous étions il y a deux semaines pour parler de l'exposition "Daniel Dezeuze. Une rétrospective" au Musée de Grenoble. Aujourd'hui, c'est au Musée de l'Ancien Evêché que je vous propose de vous rendre, pour (re)découvrir l'exposition exceptionnellle "Les Alpes de Jean de Beins. Des cartes aux paysages (1604-1634)" qui s'y tient depuis le 25 octobre 2017.
Pourquoi exceptionnelle ?
Parce que pour la première fois en France, sont réunies et présentées une soixantaine de cartes du Dauphiné du XVIIème siècle, les premières du genre, partagées essentiellement jusque là entre la British Library à Londres et la Bibliothèque Nationale de France.
Ces cartes furent réalisées au début du XVIIème siècle par Jean de Beins, ingénieur du Roi Henri IV, qui cherchait alors à mieux connaître la géographie de son royaume, et notamment celle, complexe, du Dauphiné et de ses montagnes où règne alors le lieutenant général de ses armées, un certain... Lesdiguières !
Sous l'autorité de celui-ci, pendant une trentaine d'années, Jean de Beins parcourt l'ensemble du Dauphiné, et multiplie les cartes, les profils, les plans, les vues... pour dresser un portrait extrêment précis, pour l'époque, de cette province frontalière stratégique.
La "Carte et description générale du Dauphiné" réalisée en 1630 est sans doute la plus connue, car elle servit de carte de référence pendant plus d'un siècle et fut maintes fois reproduite et modifiée. C'est une version réduite d'une première carte plus confidentielle réalisée en 1617, et probablement réservée aux militaires.
Il est amusant de retrouver sur cette carte, les villes dans lesquelles je guide : Grenoble, bien sûr, mais aussi "Voyron", "Vorespe"... et finalement déjà un maillage important de petites bourgades qui existent toujours aujourd'hui.
Avant d'établir cette carte générale très détaillée, Jean de Beins a réalisé des portraits de villes, leurs plans... Grenoble semble être la première vue qu'il réalise, en 1604 (vue par l'ouest, avec le Vercors en toile de fond) :
Mais il passera également aussi à Romans...
... à Valence...
... et bien d'autres contrées encore !
Il s'est également attelé aux plans de forteresses, comme celle de Baraulx ou celle de Bourg en Bresse :
La plupart de ces cartes de Jean de Beins sont regroupées dans un grand recueil, qui contient aussi des cartes de Picardie et de Provence. L'ensemble étant fragile et "non démontable", ce sont ainsi des versions numérisées qui sont présentées sur les murs de l'exposition. Mais le recueil et quelques originales sont également présentées, avec une faible luminosité adaptée à de tels documents :
A la fin du parcours, d'immenses tablettes tactiles permettent de s'approprier davantage les cartes, on peut toucher, zoomer... et glaner quelques informations complémentaires intéressantes sur chacune des cartes, qui se révèlent être un véritable trésor pour la connaissance de notre région au XVIIème siècle !
Bref, je m'arrête là pour ne pas trop vous en montrer non plus, en espérant que cette petite visite "virtuelle" vous aura donné envie d'aller voir d'un peu plus près cet ensemble de cartes exceptionnel, car mes photos de leur rendent pas justice ! Et si ce n'est pas le cas, hop, petit reportage de France 3 qui a fait la promo de l'expo :
Les horaires du Musée :
- Lundi, mardi, jeudi, vendredi de 9h à 18h
- Mercredi de 13h à 18h
- Samedi, dimanche de 11h à 18h
Il ne me reste plus qu'à ajouter que le tout est GRATUIT, et voilà, vous savez tout ! Vous n'avez plus d'excuse pour ne pas aller y jeter un oeil avant la fin de l'exposition qui sera décrochée le 28 février 2018 ! ;-)
BONNE NOUVELLE, l'exposition est PROLONGEE jusqu'au 21 Mai 2018 !
Les documents originaux ont été retournés à leurs institutions respectives, mais l'ensemble de la galerie numérisée est toujours là, et enrichi de nouveaux documents récoltés durant ces derniers mois, notamment une carte du Briançonnais, prêtée par un collectionneur privé, ainsi qu'un document manuscrit de Jacques Fougeu, grand cartographe français contemporain de Jean de Beins.
A la semaine prochaine pour une nouvelle idée de sortie dans la région !
Steve, votre guide de poche !
[MAJ 22/02/2018]
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BIBLIO : Les Mémoires d'Hector Berlioz
- Le 15/01/2018
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- Dans LA BIBLIOTHEQUE DE VOTRE GUIDE DE POCHE
Souvent au cours de mes visites guidées, des visiteurs me demandent comment je fais pour savoir tout ce que je raconte ? Il n'y a pas de mystère, c'est bien souvent dans les livres qu'un guide récolte les informations dont il a besoin, et qu'il synthétise pour les transmettre au public. Parfois il n'y a pas encore de livres et c'est alors dans les archives que l'on peut en apprendre plus, mais c'est laborieux, chronophage et... aléatoire ! Je n'en parlerai donc pas plus ici.
En revanche, je me suis dit que ça pouvait être sympa de partager sur ce blog avec vous les livres que je peux ou que j'ai pu utiliser pour construire mes visites, si vous voulez prolonger la découverte ou approfondir certains sujets.
Pour commencer cette nouvelle série "Biblio" (qui reviendra chaque 15 du mois !), je suis obligé de vous parler... des Mémoires d'Hector Berlioz !
Beaucoup le savent, c'est au Musée Hector Berlioz, installé dans la maison natale du compositeur Hector Berlioz, que j'ai commencé mon activité de guide indépendant, en 2012 (en vérité, j'ai commencé à y guider en 2011, mais j'étais alors agent d'accueil saisonnier, je ne me suis mis à mon compte que l'année suivante).
C'est donc tout naturellement que le premier livre que je vous présente est en lien avec Hector Berlioz. Mieux que ça, il a été écrit par Hector Berlioz lui-même, puisque ce sont ses Mémoires dont je veux vous parler.
Quand on doit évoquer un artiste du passé, c'est évidemment les autobiographies qui vont nous intéresser pour connaître en détail sa vie, et dégoter quelques anecdotes croustillantes. J'ai d'ailleurs déjà eu l'occasion de partager avec vous sur ce blog une anecdote tirée des Mémoires de Berlioz, que je partage également en visite : la vengeance sanglante qu'il avait mis au point après une trahison amoureuse. Vous aurez donc compris aisément que les Mémoires d'Hector Berlioz constituent quelque peu ma "Bible" pour mes visites au Musée. De multiples éditions existent, avec différents "commentateurs", la plus accessible étant sans doute celle publiée aux éditions "Symétrie" (14.80€, 705 pages) qui vient d'être rééditée avec une belle couverture illustrée (15.10€, 720 pages).
Hector Berlioz commence la rédaction de ses Mémoires en 1848, alors qu'il est à Londres et qu'il n'a que 45 ans.
Voici comment, dans sa Préface, il justifie et présente alors son projet d'autobiographie :
"On a imprimé, et on imprime encore de temps en temps à mon sujet des notices biographiques si pleines d'inexactitudes et d'erreurs, que l'idée m'est enfin venue d'écrire moi-même ce qui, dans ma vie laborieuse et agitée, me paraît susceptible de quelque intérêt pour les amis de l'art. Cette étude rétrospective me fournira en outre l'occasion de donner des notions exactes sur les difficultés que présente, à notre époque, la carrière des compositeurs, et d'offrir à ceux-ci quelques enseignements utiles.
Déjà un livre que j'ai publié il y a plusieurs années, et dont l'édition est épuisée, contenait avec des nouvelles et des fragments de critique musicale, le récit d'une partie de mes voyages. De bienveillants esprits ont souhaité quelques fois me voir remanier et compléter ces notes sans ordre.
Si j'ai tort de céder aujourd'hui à ce désir amical, ce n'est pas, au moins, que je m'abuse sur l'importance d'un pareil travail. Le public s'inquiète peu, je n'en saurais douter, de ce que je puis avoir fait, senti ou pensé. Mais un petit nombre d'artistes et d'amateurs de musique s'étant montrés pourtant curieux de le savoir, envore vaut-il mieux leur dire le vrai que de leur laisser croire le faux. Je n'ai pas la moindre velléité non plus de me présenter devant Dieu mon livre à la main en me déclarant le meilleur des hommes, ni d'écrire des confessions. Je ne dirai que ce qu'il me plaira de dire ; et si le lecteur me refuse son absolution, il faudra qu'il soit d'une sévérité peu orthodoxe, car je n'avouerai que les péchés véniels. [...].
A la lueur de cette Préface on comprend bien que certes, des Mémoires peuvent nous apprendre beaucoup de choses, mais que l'on doit aussi savoir prendre un peu de recul vis à vis de leur contenu, puisqu'évidemment, l'auteur n'y raconte bien que ce qu'il veut. C'est ce que j'ai d'ailleurs pu vérifier, bien après leur lecture, en me plongeant dans ses lettres, bien plus précises, bien plus justes et vraies. N'oublions pas, pour la défense d'Hector, qu'au-delà des oublis volontaires, les Mémoires ont été rédigées entre 1848 et 1865... Berlioz avait 45 ans, son enfance et son début de carrière était donc déjà loin, certaines dates et certains détails se mélangent alors.
Mais l'essentiel est là, et permet de mieux cerner l'artiste, son caractère se devine à travers ses mots (il n'a pas sa langue dans sa poche !). Il nous fait entrer dans les coulisses des préparatifs de ses concerts, nous offre parfois quelques passages plus "techniques" et purement musicaux avec l'analyse de partition, d'autres passages nous permettent de faire plus amples connaissance avec sa famille, avec les femmes qui marquèrent sa vie, et d'autres passages encore nous invitent à le suivre dans ses voyages et nous font découvrir l'Europe du XIXème siècle.
Laissons la parole à l'artiste, avec quelques petits extraits choisis :
"Je suis né le 11 décembre 1803, à La Côte Saint André, très petite ville de France, située dans le département de l'Isère, entre Vienne, Grenoble et Lyon. [...] La Côte Saint André, son nom l'indique, est bâtie sur le versant d'une colline, et domine une assez vaste plaine, riche, dorée, verdoyante, dont le silence a je ne sais quelle majesté rêveuse, encore augmentée par la ceinture de montagnes qui la borne au sud et à l'est, et derrière laquelle se dressent au loin, chargés de glaciers, les pics gigantesques des Alpes" (on remarquera ici que la description de sa terre natale colle encore presque parfaitement à la réalité!).
Sur ses premiers mois difficile à Paris :
"J'avais loué à bas prix une très petite chambre, au cinquième, dans la Cité, au coin de la rue de Harley et du quai des Orfèvres, et au lieu d'aller dîner chez le restaurateur, comme auparavant, je m'étais mis à un régime cénobitique qui réduisait le prix de mes repas à sept ou huit sous, tout au plus. Ils se composaient généralement de pain, de raisins secs, de pruneaux ou de dattes.
Comme on était alors dans la belle saison, en sortant faire mes emplettes gastronomiques chez l'épicier voisin, j'allais ordinairement m'asseoir sur la petite terrasse du Pont Neuf aux pieds de la statue d'Henri IV : là, sans penser à la poule au pot que le bon roi avait rêvée pour le dîner du dimanche de ses paysans, je faisais mon frugal repas, en regardant le soleil descendre derrière le mont Valérien, suivant d'un oeil charmé les reflets radieux des flots de la Seine, qui fuyaient en murmurant devant moi [...].
Sur ses errances solitaires dans la campagne italienne, lors du séjour imposée du Prix de Rome en 1831 :
"Cette excursion était mon remède habituel contre le spleen, remède souverain qui semblait me rendre à la vie. Une mauvaise veste de toile grise et un chapeau de paille formaient tout mon équipement, six piastres toute ma bourse. Puis, prenant un fusil ou une guitare, je m'acheminais ainsi, chassant ou chantant, insoucieux de mon gîte du soir, certain d'en trouver un, si besoin était, dans les grottes innombrables ou les madones qui bordent toutes les routes, tantôt marchant au pas de course, tantôt m'arrêtant pour examiner quelques vieux tombeaux, ou, du haut d'un de ces tristes monticules dont l'aride plaine de Rome est couverte, écouter avec recueillement le grave chant des cloches de Saint-Pierre, dont la croix d'or étincelait à l'horizon ; tantôt interrompant la poursuite d'un vol de vanneaux pour écrire dans mon album une idée symphonique qui venait de poindre dans ma tête, et toujours savourant à longs traits le bonheur suprême de la vraie liberté."
Après avoir perdu ses deux épouses :
"[...] Les deux mortes y reposent tranquillement à cette heure, attendant que je vienne apporter à ce charnier ma part de pourriture.
Je suis dans ma soixante et unième année ; je n'ai plus ni espoirs, ni illusions, ni vastes pensers ; mon fils est presque toujours loin de moi ; je suis seul ; mon mépris pour l'imbécilité et l'improbité des hommes, ma haine pour leur atroce férocité sont à leur comble ; et à toute heure je dis à la mort : "Quand tu voudras !". Qu'attend-elle donc ?"
Au total, Hector Berlioz a "découpé" les quelques 600 pages du récit de son existence en près d'une soixantaine de chapitres, complétée de quelques reproduction de lettres notamment pour certains récits de voyages. Si cela peut paraître "costaud", les Mémoires se lisent en fait très facilement. Difficile même de ne pas sourire à la lecture de certains passages dévoilant un franc-parler et un égo... particulier !
Bref, un ouvrage incontournable quand on s'intéresse à Hector Berlioz ! Pour ma part il me suit dans chacune de mes visites dans sa demeure natale, au cours desquelles j'en lis toujours quelques extraits à mes visiteurs ! Une manière pour moi de le faire "revivre" dans les lieux qui l'ont vu grandir...
J'espère en tout cas que ce petit billet vous aura donné envie de vous plonger à votre tour dans ses Mémoires, et je vous donne rendez-vous le 15 février pour la présentation d'un second ouvrage !
Steve, votre guide de poche !
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1 DIMANCHE = 1 DECOUVERTE - N°48 : La côte sauvage de Quiberon (MORBIHAN)
- Le 14/01/2018
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- Dans UN DIMANCHE = UNE DECOUVERTE
Après une visite virtuelle en Islande pour le 1er dimanche de l'année, retour en France aujourd'hui, pour un billet-découverte tout en photos : la belle côte sauvage de la presqu'île de Quiberon, dans le Morbihan, dans la partie sud de la Bretagne !
Car on part parfois à l'autre bout du monde, attiré par les cartes postales de paysages magnifiques... mais notre pays regorge de sites naturels tout aussi beaux ! A mes yeux la Côte sauvage de Quiberon où je suis parti en vacances en septembre 2017, en fait partie !
La côte sauvage de Quiberon s'étend sur 8 kms, de la Pointe du Percho au Château Turpault, c'est la côte ouest de la Presqu'île de Quiberon.
Plages et falaises s'alternent, pour des vues magnifiques sur l'océan... un paradis pour les amateurs de photos (et de graaaaaand air !).
Il y a de quoi se sentir tout petit...
Il ne faut pas hésiter à fouiner un peu, et emprunter le chemin que s'est créé l'eau à travers la roche, cela donne de beaux points de vue !
Et voilà je vais m'arrêter là pour les photos, j'espère que ce grand bol d'air breton vous aura plu, et je vous dis à la semaine prochaine pour un nouveau billet-découverte, pour lequel nous reviendrons un peu dans notre belle région Rhône Alpes !
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