LE BLOG DECOUVERTES DE VOTRE GUIDE
1 DIMANCHE = 1 DECOUVERTE : 5 Avril 1891, fin de carrière pour la dompteuse de lion sur la Foire des Rameaux de Grenoble
- Le 05/04/2019
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Alors que la Foire des Rameaux à Grenoble va bientôt ouvrir ses portes, aujourd'hui, je voudrais vous parler d'un terrible événement survenu lors de cette même foire il y a 128 ans.
Le 5 Avril 1891 vers 16h, alors que la foire touche à sa fin, la jeune Augustine Gandolfo, surnommée Rosita, remplace alors son frère très malade : elle entre dans la cage aux lions pour assurer la représentation, comme sa famille lyonnaise le fait tous les soirs depuis le début de la foire.
Mais Lydie, la "lionne de l'Atlas", ne semble pas apprécier sa dompteuse du jour : elle va attaquer et dévorer Rosita !
Mortellement blessée, la jeune femme meurt quelques heures plus tard, dans la nuit à 2h du matin.
L'affaire fit la une de la presse nationale quelques jours plus tard, dans le supplément illustré du Petit Journal du Samedi 25 Avril 1891:
Marqués, la population grenobloise et les forains se cotisèrent pour lui offrir une sépulture au Cimetière Saint Roch (Carré 5 - Rang 13 - Concession 2832). Une lionne ornait autrefois la tombe, pour rappeler la triste destinée de la jeune dompteuse, mais elle fut malheureusement volée...
Voilà pour le post morbide du jour ! :D
Je vous dis à très vite, pour un nouveau billet découverte... j'essayerai de trouver un sujet plus joyeux ! ;-)
Votre guide, Steve.
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1 DIMANCHE = 1 DECOUVERTE : Le Domaine de Saint-Jean de Chépy, à TULLINS
- Le 24/03/2019
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Pour le billet-découverte de ce dimanche, coup de projecteur sur le Domaine de Saint-Jean de Chépy, situé dans la plaine de Tullins, en Isère.
J'ai déjà eu l'occasion de vous en parler un peu, via ma page facebook, car j'y ai guidé deux belles visites en 2017 (non sans succès, avec près de 100 personnes pour la 2e !), dans le cadre des "Rendez-vous Patrimoine" en Pays d'Art et d'Histoire du Pays Voironnais que j'assure depuis cinq ans maintenant.
Le domaine ne fera malheureusement pas partie de la programmation du Pays d'Art et d'Histoire cette année, en revanche je suis ravi de vous annoncer que nous mettons en place un partenariat ensemble, et que je pourrai à nouveau vous faire découvrir les lieux lors des prochaines portes ouvertes du domaine le Mercredi 1er Mai prochain, avec 3 visites prévues à 10h15, 14h et 16h !
Comme vous pouvez le voir, une multitude d'animations seront proposées pour les Portes Ouvertes... et tout est GRATUIT ! Alors venez nombreux (re)découvrir le domaine ! :D
Mais au fait, qu'est-ce qu'il y a à voir, au Domaine de Saint Jean de Chépy ?!
Une ancienne maison forte, une mystérieuse voûte céleste, d'anciens canaux industriels, un magnifique écrin de verdure et de biodiversité... et l'art contemporain dans tous ses états !
Voilà comment on pourrait "résumer" le Domaine de Saint Jean de Chépy ! Voyons cela en détails.
Saint-Jean de Chépy : une ancienne maison forte
Dès votre entrée sur le domaine en effet, vous ne pouvez manquer l'imposante bâtisse aux tours rondes et tourelles, tel un petit château-fort miniature, trônant au coeur du parc !
L'inventaire du patrimoine mené sur le territoire du Pays Voironnais ces deux dernières années (qui s'expose actuellement aux Caves de la Chartreuse à Voiron), a permis de remonter jusqu'au XIIIème siècle pour les premières mentions écrites de la "maison de Chépy", sans pour autant certifier qu'il s'agisse du bâti actuel, qui, par ses caractéristiques architecturales, semble plutôt être du XVIIème siècle.
Une voute céleste exceptionnelle, pour un petit Dauphinois à la vie remarquable
Sans doute l'imposante demeure actuelle est-elle le résultat d'une restructuration/reconstruction effectuées par celui qui a commandé et fait réaliser le joyau qu'elle renferme : la voute céleste de Maurice Bressieu (1546-1617)
(Crédit Photo : Domaine de Saint Jean de Chépy)
Maurice Bressieu est un homme qui eut une vie remarquable pour son époque. En effet, né dans la campagne dauphinoise de Tullins au milieu du XVIème siècle, dans une famille certes noble (son père était avocat au Parlement du Dauphiné), qui aurait pu prédire malgré tout qu'il côtoie les "grands" de l'époque, en devenant lecteur royal, puis orateur royal à Rome pour Henri III auprès du Pape Sixte V et intendant de la bibliothèque du Vatican ?!
Il côtoiera également Henri IV, le Pape Clément VIII, le Duc de Nevers... pas mal pour un petit dauphinois, non ?!
On n'a pas retrouvé pour l'instant la moindre représentation de la bouille de ce grand mathématicien et religieux, mais on sait qu'il était "caressé des grands, respecté des petits, et aymé de tous !". Mais loin de prendre la grosse tête, il n'oublia pas ses racines, puisqu'il revint sur ses terres natales tullinoises pour vivre ses vieux jours... et réaménager le domaine familial, et notamment l'exceptionnelle voûte céleste, véritable petit trésor peint au début du XVIIème siècle dans la tour Sud.
(Crédit Photo : Domaine de Saint Jean de Chépy)
Par qui a été peinte cette voute ? Pourquoi ? A-t-elle une signification particulière ? Nul ne le sait... ce qui donne lieu aujourd'hui à de multiples interprétations, et c'est aussi ce qui fait son charme !
Un ancien site industriel
Au fil des différents propriétaires, au delà de la belle demeure, plusieurs ateliers artisanaux se succéderont sur le site (martinet, battoir à chanvre...). La présence de la Fure, toute proche, le permet, et va même inciter le développement, au XIXème siècle, de deux usines d'effilochages, sans compter d'autres sites en amont.
Aujourd'hui, difficile de deviner ce passé industriel, mais les fins observateurs comprendront vite que les canaux qui parcourent et embellissent aujourd'hui le parc sont les derniers vestiges de ces usines : ils furent en effet aménagés pour détourner une partie des eaux de la Fure sur le domaine, pour alimenter les usines... en énergie hydraulique !
D'ailleurs, une turbine est toujours là... pour alimenter de nouveau le site en électricité !
Un écrin de verdure, refuge de biodiversité LPO
L'ancienne maison forte, riche d'histoire vous l'aurez compris, est implantée dans un beau "sanctuaire" naturel au coeur de la plaine de Tullins. En effet, un parc de 10 hectares entoure cette belle demeure, et offre ainsi un véritable refuge aux oiseaux de la région, ou une belle escale aux oiseaux simplement de passage. Ainsi, le domaine fait parti des "refuges de biodiversité LPO" (Ligue pour la Protection des Oiseaux).
Une petite partie a été aménagée pour accueillir les structures nécessaires à l'activité actuelle du domaine (j'y reviendrai un peu plus loin), mais la plus grande partie du parc reste "à l'état sauvage" ou presque, et tout est fait pour en faire un "refuge de biodiversité", et pas seulement pour les oiseaux !
Un "rucher d'entreprise" a notamment été mis en place.
Le principe ? Des entreprises partenaires financent l'installation d'une ruche, s'engageant ainsi dans une démarche de développement durable à travers la sauvegarde des abeilles... et reçoivent en échange quelques pots de miel, à offrir à leurs employés ou leurs clients. Créé en 2014, le concept a déjà séduit 14 entreprises, permettant donc l'installation de 14 ruches dans le parc (chiffres 2017) !
Mais le Domaine de Saint-Jean de Chépy a aussi installé des petits nichoirs à chauve-souris, un hôtel à insectes... et s'engage aussi, au quotidien, par un fauchage raisonné, un désherbage manuel etc... ainsi que le développement d'un parcours pédagogique pour sensibiliser le public à ce "patrimoine naturel".
Le Chant des Sculptures : l'art contemporain dans tous ses états, au coeur de la nature
Si la voute céleste est sans conteste le joyau "historique" du Domaine, et le parc un bel écrin naturel exceptionnel, le Chant des Sculptures est, quant à lui, sa "galerie d'art contemporain", au coeur même de ce cocon de verdure.
Depuis 2008 en effet, est organisé chaque année un "Symposium de sculptures" par l'Association Art Chépy (créée par les propriétaires lors de la création du Domaine) : tous les étés, durant la première quinzaine d'août, des artistes viennent chacun réaliser une oeuvre d'art sur le Domaine, créant ainsi un parcours artistique dans le parc qui entoure la bâtisse historique : le Chant des Sculptures.
Ainsi, au fil des 11 symposiums déjà réalisés, ce ne sont pas moins d'une soixantaine d'oeuvres qui ont été créées, et qui embellissent désormais le parc en s'intégrant harmonieusement dans ce décor naturel. Vous avez déjà aperçu quelques unes de ces oeuvres sur les photos précédentes (peut être sans vous en rendre compte d'ailleurs !), je vous en glisse quelques autres photos ci-dessous, mais pas les 60 évidemment, il faut garder un peu de mystère... !
Le Domaine Saint-Jean de Chépy aujourd'hui :
Fort de ses 4 salons dans le château (30 à 60m2), mais aussi et surtout des infrastructures créées à proximité, notamment la Grange des Prés, pouvant accueillir 200 (repas assis), 250 (conférence) et même 350 personnes (cocktail), mais aussi un chapiteau (+200 pers en repas assis, ou 300 pers en cocktail), le Domaine Saint Jean de Chépy accueille aujourd'hui chaque année une centaine de séminaires en semaine, et plusieurs dizaines de mariages, baptêmes et autres événéments familiaux les weekends.
Outre ces espaces de réception, le site offre des hébergements (19 chambres dont deux dans la maison historique), une piscine, et une restauration locale... bref, un lieu idéal pour vos événements professionnels ou familiaux !
Crédits photo Domaine Saint-Jean de Chépy
Une famille... et une association : Art Chépy
C'est en Janvier 2001 que le Domaine Saint Jean de Chépy reprend vie, sous l'impulsion de la famille Martinenghi, plus exactement Henri, et son fils Philippe, actuel président du Domaine. Depuis qu'ils l'ont acquis, ils ont voulu faire de ce domaine historique un lieu unique, où se conjuguent événements professionnels et privés, mais sous le sceau de la culture, de la nature et du bien être.
C'est pour cela qu'en parallèle de l'activité économique du Domaine, fut créé l'Association Art Chépy, pour l'animation culturelle du site tout au long de l'année (concert...), et la promotion de l'art contemporain, avec l'organisation du Symposium de Sculpture, tous les étés depuis 2006, durant lequel le public assiste à la réalisation des nouvelles oeuvres, rencontre et échange avec les artistes... qui font aujourd'hui du Domaine Saint Jean de Chépy un véritable Musée d'Art Contemporain à ciel ouvert, un lieu de contemplation où l'art s'accorde harmonieusement avec le bâti et la nature qui l'entourent !
Découvrir le Domaine
Pour ceux qui le souhaitent, en accord avec les propriétaires, nous pouvons organiser ensemble une visite guidée du domaine, en petit comité ou en groupe, selon les disponibilités des lieux évidemment ! Je serai ravi de vous faire découvrir toutes les facettes de ce domaine que j'affectionne particulièrement, vous l'aurez compris je crois !
Sinon, si vous ne voulez pas de moi (snif !), plusieurs événements vous permettent bien sûr de profiter des lieux tout au long de l'année :
- 4 Avril 2019, à partir de 19h30 : Récit de Jean Marc Rochette, peintre et dessinateur grenoblois (inscription au 04-76-07-22-10, 10€/pers)
- Chaque 1er mai : les Portes Ouvertes du Domaine (Gratuit)
- 24 Juin 2019, à partir de 20h : Concert gospel du groupe "One More Voice" et Feu de la Saint-Jean (inscription au 04-76-07-22-10, 15€/pers)
- Du 29 Juillet au 9 Août 2018 : 12e Symposium de Sculpture (Gratuit)
Plus d'informations sur ces événements sur le site internet de l'Association Art Chépy qui les organise !
Infos pratiques :
En dehors de ces événements ouverts au public, vous pouvez également visiter librement les lieux, suivant leur disponibilité, EN CONTACTANT LE DOMAINE AU PREALABLE ET AVANT TOUT DEPLACEMENT (04-76-07-22-10). Il est important de prendre contact au préalable, car le lieu peut accueillir des séminaires, des événements privés... qui vous fermeraient alors les portes du Domaine ! Merci donc de téléphoner avant, on vous donnera toutes les informations nécessaires pour organiser votre visite dans les meilleures conditions !
Voilà je crois que je n'ai rien oublié, notre petite visite virtuelle se termine donc ici...
... oh bah non il ne faut pas faire cette tête là ! Toutes les bonnes choses ont une fin comme on dit ! ;-)
Si cette petite visite virtuelle d'un de mes lieux préférés de la région vous a plu, je vous dis à très vite pour d'autres découvertes, virtuelles ou... sur le terrain !
Votre guide de poche, Steve
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1 DIMANCHE = 1 DECOUVERTE : Les coffins
- Le 17/03/2019
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Pour ce nouveau billet-découverte, je souhaite vous présenter un objet de la vie quotidienne, du moins, de la vie quotidienne d'autrefois, qu'utilisaient notamment ceux qu'on appelait les "Gens de l'Alpe", les habitants de nos montagnes en somme (pas le yéti hein... ni le dahu !).
Cet objet, c'est un coffin.
A vrai dire, on le trouvait autrefois un peu partout en France, parfois sous un autre nom suivant la région : ainsi, chez nos amis Auvergnats, on parle de "couiller".
Il s'agit d'une petite boîte, plus exactement un étui, le plus souvent en bois, que le paysan portait attaché à la ceinture.
Cet étui lui permettait d'emmener avec lui sa pierre à faux, lorsqu'il partait faucher l'herbe l'été pour préparer le foin, nécessaire pour nourrir son troupeau durant les longs mois d'hiver enfermé à l'étable.
Pour aiguiser efficacement, la pierre à faux doit être humide, c'est pourquoi le paysan glissait dans son coffin un peu d'herbe et d'eau, pour que la pierre reste performante pour affûter sa lame.
Ainsi il avait toujours sur lui sa pierre à faux et n'avait pas besoin de rentrer régulièrement à la ferme à chaque fois que sa lame s'émoussait.
La forme du coffin peut varier, certaines ont un fond plat, d'autres sont pointus et pouvaient être plantés au sol, ce qui évitait par exemple d'en renverser le contenu.
Si la plupart des coffins sont en bois, il en existait aussi en étain, en cuivre, parfois même creusé dans une corne animale.
Mais les plus beaux exemplaires que l'on retrouve aujourd'hui sont sans aucun doute, pour moi en tout cas, les coffins en bois, sculptés à la main, sur lesquels on devine le long travail minutieux effectué durant les longues soirées d'hiver, ou durant les journées de garde à l'alpage l'été.
La plupart du temps, le décor est sobre, une simple date, des initiales pour identifier le propriétaire comme sur la première photo : n'oublions pas que ces petits étuis n'étaient, à l'origine, que des objets "pratiques" !
Pour autant, certains coffins sont aussi devenus de véritables oeuvres d'art, et de magnifiques témoignages du savoir-faire de ces hommes d'autrefois.
Parmi les motifs récurrents, la rosace et la rouelle caractéristiques de la région du Queyras, mais, les fleurs, fruits, entrelacs, ou encore les visages ou des outils pouvaient aussi venir personnaliser cet objet du quotidien, dont l'usage s'est depuis maheureusement perdu...
Pour en découvrir d'authentiques, n'hésitez pas à faire un tour au Musée Dauphinois, sur les pentes de la Bastille à Grenoble, où l'un des plus anciens présentés est daté de 1738 !
L'exposition Gens de l'Alpe où il se trouve, et dans laquelle je peux vous guider au cours de mes visites, sera l'occasion pour vous de découvrir bien d'autres objets du quotidien... d'autrefois !
A très vite pour la prochaine découverte du dimanche ! ;-)
Votre guide de poche, Steve
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1 DIMANCHE = 1 DECOUVERTE : Les catacombes de PARIS
- Le 10/03/2019
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Après notre balade virtuelle au Sri Lanka la semaine dernière, avec l'ascension du Rocher du Lion, changement d'ambiance ce soir ! Retour en France, à Paris, pour une visite... des catacombes !
L'année dernière à la même période de l'année, j'étais embarqué à l'improviste à Paris par une amie (coucou Pauline !), pour un concert loin de mes habitudes musicales, nous en avons profité pour vadrouiller un peu en journée dans la capitale. Ceux qui suivent ma page facebook avaient pu avoir un petit aperçu de Paris vu d'en haut, plus exactement du sommet de la Tour Montparnasse, malgré la météo peu clémente ce jour là :
Le lendemain, c'est le Paris vu d'en bas qui nous a attiré, le Paris souterrain : direction les catacombes !
Bon déjà, la première chose à savoir, c'est qu'il faudra vous armer de patience pour les visiter, car le site ne peut accueillir que 200 visiteurs simultanément, pour des raisons de sécurité probablement. Donc soit vous vous levez tôt pour être parmi les premiers visiteurs à entrer, soit vous achetez un coupe-file avec audioguide quelque peu coûteux (29€ au lieu de 18€, voire 13€ l'entrée sans audioguide). Sinon, vous faites comme nous, vous faites la queue pendant... 2 heures ! Alors oui, c'est long, mais ça vaut le coup, promis !
Les catacombes de Paris, qu'est-ce que c'est ?
Dès le Ier siècle après J.C., les Gallo-Romains exploitent le calcaire de la région pour construire Lutèce. Au Moyen-Âge, les besoins de pierre sont très importants (construction de Notre-Dame de Paris, du Louvre, des remparts...), les carrières deviennent souterraines, et les galeries se multiplient sous la ville.
En 1780, on décide d'aménager une partie de ces cavités pour accueillir les ossements du cimetière des Saints-Innocents (aux Halles), alors le plus important cimetière de Paris, mais qui ferme ses portes pour des raisons de salubrité publique.
Puis progressivement, ce sont les ossements de tous les cimetières du centre de Paris qui sont regroupés ici au XIXème siècle, au fil des travaux d'aménagements urbains de la capitale. Les derniers dépots d'ossements sont réalisés en 1859, lors des travaux haussmaniens. Cela fait alors déjà plus d'un demi-siècle que l'ossuaire est ouvert à la visite...
Le parcours de visite :
On commence par descendre les 130 marches de l'escalier d'accès, qui nous permet de nous rendre 20 mètres sous terre, et d'accéder aux premières galeries. C'est l'Inspection générale des carrières, créée en 1777, chargée alors de la protection et de la consolidation du sous-sol parisien, qui va réaliser les aménagements. On retrouve à plusieurs endroits, le long des galeries confortées, la signalétique des ingénieurs, permettant de suivre la chronologie des aménagements :
Un peu plus loin, d'autres inscriptions évoquent l'Aqueduc d'Arcueil, construit entre 1613 et 1623 sur ordre de Marie de Médicis, pour amener les eaux des sources de Rungis à Paris. La galerie de pierre circule juste sous la surface du sol, mais suite à un effondrement de carrière en 1781, il a fallu reconstruire un tronçon de 150m, tout en consolidant la carrière ici, 20m plus bas, pour éviter d'autres effondrements.
Un peu plus loin encore, on arrive à l'Atelier, une partie où la carrière est encore visite, le "ciel" de celle-ci étant soutenu par les piliers tournés (masse de roche laissées en place après extraction de la pierre autour) et les piliers à bras (construits par les carriers grâce à de gros blocs empilés "à bras d'homme"). Entre eux, des hagues (petits murets de pierre) contiennent les déchets de taille, les remblais.
Puis, enfin, nous arrivons à l'entrée de l'ossuaire, "l'Empire de la Mort" ! Le ton est donné...
Commence alors une déambulation entre des milliers, des millions de crânes, de fémurs... et autres ossements moins organisés.
L'ossuaire fait une boucle dans le quadrilatère constitué en surface par l'avenue René Coty, les rues Hallé, Dareau et d'Alemberg.
Si les premiers ossements sont jetés pêle-mêle par un ancien puits d'exploitation de la carrière, très vite, vers 1810, Héricart de Thury, inspecteur général des carrières, aménage les lieux de manière ordonnée. Sont ainsi montés des hagues, des murs, avec des os longs, généralement les fémurs, que l'on décore avec des crânes. Tous les autres ossements restent en vrac derrière les hagues.
Une signalétique précise permet d'identifier les cimetières d'origine des ossements.
Mais on n'hésite pas également à "mettre en scène" les ossements, jouant avec les crânes notamment pour former des croix, des porches, des coeurs...
A noter que seuls les plus beaux crânes sont présentés de face, les autres sont retournés.
Sur le parcours, on peut voir la fontaine dite de "la Samaritaine", un puits autour duquel a été aménagée une petite pièce circulaire dont les parois sont là aussi constituées d'ossements, en provenance ici du cimetière des Innocents. Ce puits donne accès à une petite nappe phréatique et permettait aux ouvriers des carrières de fabriquer le mortier qu'ils utilisaient pour élever les hagues.
De multiples sentences et réflexions sur la fragilité de la vie humaine ponctuent ce cheminement macabre, pour interpeller le visiteur...
Le parcours se termine sur le "tonneau", un pilier de soutènement qui s'est vu cerné lui aussi d'ossements, offrant une forme originale, devenu l'un des emblèmes des Catacombes de Paris !
Une belle conclusion pour cette visite insolite dans les souterrains de Paris, au milieu de millions de squelettes... la balade vous a plu ?
Quelques infos pratiques pour vous organiser une vraie visite :
Jours et horaires d'ouverture :
Du mardi au dimanche de 10h à 20h30, Fermeture des caisses à 19h30.
Les Catacombes sont ouvertes le 14 juillet, le 15 août, le 1er novembre et le 11 novembre.
Fermée les lundis et certains jours fériés : 1er mai et 1er janvier.
Tarifs :
Plein tarif : 13€
Tarif réduit : 11€ (jeunes 18/26 ans...)
Gratuit pour les demandeurs d'emplois, les guides-conférenciers...
Audioguide en supplément : 5€
Possibilité de réserver en ligne les coupe-files avec audioguide à 29€/pers sur le site internet officiel.
A la semaine prochaine pour une nouvelle visite virtuelle... !
Steve, votre guide de poche !
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1 DIMANCHE = 1 DECOUVERTE : Estelle met un râteau à Hector Berlioz
- Le 24/02/2019
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- Dans UN DIMANCHE = UNE DECOUVERTE
La semaine dernière, je vous dévoilais la longue lettre de déclaration d'amour du compositeur romantique Hector Berlioz (dont je fais visiter régulièrement la maison natale à La Côte Saint André), à son amour d'enfance, Estelle, qu'il a retrouvé après 49 ans d'absence... aujourd'hui, il est temps de découvrir la réponse de la belle, qui malheureusement pour Hector, ne sera pas la réponse attendue puisqu'Estelle va lui mettre ce qu'on appelle familièrement un gros "râteau" !
Alors si vous aussi vous cherchez de l'inspiration pour éconduire un(e) prétendant(e), à vos carnets, prenez des notes !
Lyon, 29 septembre 1864.
Monsieur,
Je me croirais coupable envers vous et moi-même, si je ne répondais pas tout de suite à votre dernière lettre, et au rêve que vous avez fait sur les relations que vous désirez voir s'établir entre nous. C'est le coeur sur la main que je vais vous parler.
Je ne suis plus qu'une vieille et bien vieille femme (car, monsieur, j'ai six ans de plus que vous), au coeur flétri par des jours passés dans les angoisses, les douleurs physiques et morales de tout genre, qui ne m'ont laissé sur les joies et les sentiments de ce monde aucune illusion. Depuis vingt ans que j'ai perdu mon meilleur ami je n'en ai pas cherché d'autre ; j'ai conservé ceux que d'anciennes relations m'avaient fait ainsi que ceux que des liens de famille m'attachaient naturellement. Depuis le jour fatal où je suis devenue veuve j'ai rompu toutes mes relations, j'ai dit adieu aux plaisirs, aux distractions, pour me consacrer tout entière à mon intérieur, à mes enfants. C'est donc là ma vie depuis vingt ans ; c'est une habitude pour moi dont rien maintenant ne peut rompre le charme ; car c'est dans cette intimité du coeur que je puis trouver le seul repos des jours qu'il me reste à passer dans ce monde ; tout ce qui viendrait en troubler l'uniformité me serait pénible et à charge.
Dans votre lettre du 27 courant vous me dites que vous n'avez qu'un désir, celui que je devienne "votre amie" à l'aide d'un échange de lettres. Croyez-vous sérieusement, monsieur, que cela soit possible ? Je vous connais à peine depuis quarante-neuf ans, je vous ai revu vendredi passé quelques instants ; je ne puis donc apprécier ni vos goûts, ni votre caractère, ni vos qualités, seules choses qui sont la base de l'amitié. Quand il y a entre deux individus les mêmes manières de voir et de sentir, alors la sympathie peut naïtre et arriver ; mais, établir ce que vous attendez de moi ; pour ma part je le crois impossible. Du reste, je dois vous avouer que je suis extrêmement paresseuse pour écrire, j'ai l'esprit aussi engourdi que les doigts ; j'ai une peine extrême à remplir à cet égard mes obligations indispensables. Je ne pourrais donc vous promettre de commencer avec vous une correspondance qui pût être suivie, je manquerais trop souvent à ma promesse pour ne pas vous en avertir d'avance s'il vous est agréable de m'écrire quelque fois je recevrai vos lettres, mais n'attendez pas mes réponses exactement ni promptement.
Vous désirez aussi que je vous dise : "Venez me voir" ; cela n'est pas possible, pas plus que de vous dire : "Vous me trouverez seule" ; le hasard, vendredi, a voulu que je fusse seule pour vous recevoir ; quand je serai à Genève avec mon fils et sa femme, si, quand vous vous présenterez chez eux, je suis seule, je vous recevrai, mais s'ils m'entourent au moment de votre visite, il vous faudra subir leur présence, car je trouverais fort inconvenant qu'il en fût autrement.
C'est avec toute la franchise et la sincérité qui sont le fond de mon caractère que je vous ai tracé ce que je pense et ce que je sens. Je crois devoir encore vous dire qu'il est des illusions, des rêves, qu'il faut savoir abandonner quand les cheveux blancs sont arrivés, et avec eux le désenchantement de tous sentiments nouveaux, même ceux de l'amitié, qui ne peuvent avoir du charme que lorsqu'ils sont nés de relations suivies et dans les heureux jours de la jeunesse. Ce n'est pas, selon moi, au moment où le poids des années se fait sentir, où leur nombre nous a apporté l'expérience de toutes les déceptions, qu'il faut commencer des relations. Je vous avoue que pour moi j'en suis là. Mon avenir se raccourcit tous les jours ; à quoi bon former des relations qu'aujourd'hui voit naître et que demain peut faire évanouir ? Ce n'est que se créer des regrets.
Ne voyez, monsieur, dans tout ce que je viens de vous dire, aucune intention de ma part de blesser les souvenirs que vous avez pour moi ; je les respecte et je suis touchée de leur persistance. Vous êtes encore bien jeune par le coeur, pour moi il n'en est pas ainsi, je suis vieille tout de bon, je ne suis plus bonne à rien qu'à conserver, croyez-le, une large place pour vous dans mon souvenir. J'apprendrai toujours avec plaisir les triomphes que vous êtes appelé à avoir.
Adieu, monsieur, je vous dis encore : recevez l'assurance de mes sentiments affectueux.
Estelle Fornier
C'est ce qu'on appelle un râteau dans les règles de l'art !
Et quand bien même notre Hector obtiendra d'Estelle par la suite quelques lettres et même quelques rares entrevues, leur relation restera purement amicale... à son grand desespoir !
A très vite pour un prochain billet-découverte !
Steve VACHET, votre guide de poche !
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